Allocution prononcée par Roland Glavany le 9 novembre
2000 à la Chapelle Saint-louis de l'Ecole Militaire lors
des obsèques du Général Jean Chenet.
Chère Nanie, chers Amis,
Je parle ici au nom des anciens de l'Ecole de l'Air. Jean
Chenet est entré à l'Ecole de l'Air de Salon
en 1942. Il avait 19 ans, il était un des plus jeunes
de sa promotion. Déjà, en 1941, à 18 ans,
il avait, en zône occupée, pris des contacts avec
des membres du réseau Buckmaster de l'Intelligence Service.
Les promotions 40, 41, 42, Steunou, Dagnaux, Tricaud, "promos"
des années noires, sont restées très liées
entre elles car, en novembre 1942, au moment de l'invasion de
la zone libre, elles se sont retrouvées seules, absolument
seules face à leur destin et Dieu sait si les destins
de la promo 42 furent alors différents les uns des autres.
Jean connut "Jeunesse et Montagne", Sainte-Livrade,
Saint-Etienne, mais il eut la joie de pouvoir participer aux
combats de la Libération, avec la 3e Compagnie de l'Air
du Capitaine Schaal, à Villacoublay, à Versailles,
au milieu de péripéties assez extraordinaires où
sa parfaite connaissance de l'Allemand fut particulièrement
précieuse. Dans la foulée il partit dans le Nord,
sous-lieutenant à la tête de son équipe,
pour participer aux combats de la "poche de Dunkerque".
Il y fut cité pour la première fois.
1945, c'est le départ pour les U.S.A. et l'entraînement
pilote. Il obtient ses "ailes" sans problème,
revient au Centre d'Instruction "Chasse" de Meknès
se transformer sur P40 et P47 et arrive enfin au début
de 1948 à Fribourg à la 33e escadre de reconnaissance
du Lieutenant Colonel Gavoille. La "33", ce sera une
grande partie de sa vie.
Il est affecté au G.R. 2/33 "Savoie" sur P51
"Mustang", magnifique machine sur laquelle il accumule
les heures de vols jusqu'à son brevet de Chef de Patrouille.
La "33" part à Cognac et on lui confie alors
la longue expérimentation militaire de Marcel-Dassault
315 jusqu'à son départ en Indochine en 1952.
Il
arrive à l'Escadrille de reconnaissance 2/19 "Armagnac"
à Tourane sur R.B.26 "Invader". Il est le second
du Commandant d'escadrille, le Capitaine Saint-Cricq puis le
Capitaine Geslin. Il sera cité quatre fois pour 375 heures
de missions de guerre sur R.B.26, Martinet et Bearcat.
Quand
Jean revient d'Indochine, c'est pour trouver, à la "33",
l'aviation à réaction, les F.84-G puis les RF.84-F.
En
1957 il a la grande joie de commander, à Lahr, l'Escadron
de reconnaissance 2/33, où il était arrivé
dix ans avant, et gagne la compétition "Royal Flush"
qui oppose les unités de "reco" alliées
des 2e et 4e ATAF. En 1959, Jean devient second d'Escadre, second
du Commandant Saint-Cricq.
Après, il lui faut bien connaître les Etats-Majors,
l'Ecole de Guerre, les E.M. encore, avant de pouvoir commander
la Base de Bremgarten avec les F.100 de la 11e escadre de chasse
et il aura la lourde charge de transférer le total à
Toul-Rosières en 1966.
Arrivent alors, loin des terrains, de plus grandes responsabilités,
la Sirpa-Air, le poste d'attaché de l'Air à Londres
où, avec l'appui constant de son épouse, son sens
des relations humaines fera merveille.
Après
avoir commandé le CODA (Défense Aérienne)
en 1975. Jean quitte l'Armée de l'Air, Général
de Division Aérienne, Commandeur de la Légion d'Honneur,
après 4000 heures de vol.
Il demeure dans la famille
aéronautique à SOFREAVIA, d'abord puis au poste
de Secrétaire Général de l'"International
Airports Association". Mais c'est à la Présidence
de l'Association "les Vieilles Tiges" qu'il trouve
l'épanouissement complet de sa vie civile. Il y a là
une revue Aéronautique qui fait référence,
"Pionniers", dirigée par Gisclon, Noetinger
et Guillot. Il y a un réseau d'amitié que lui a
légué Georges Libert. Ce réseau il va l'animer
avec tout son coeur et tout son enthousiasme.
J'ose
dire que Jean est mort aux commandes des "Vieilles Tiges"
après toute une vie consacrée à l'Aviation,
même si sa pensée allait souvent vers son bateau,
là-bas, en Bretagne.
Chère
Nanie, tu sais bien toute l'affection qui t'entoure, et vous
aussi, Hervé, Annick, Véronique, Didier, Pierre
et les votres. Vous savez combien nous partageons votre peine.
Au
revoir Jean. Merci pour toute l'amitié que tu nous as
donnée.
Général
Roland Glavany |