- Louis PAULHAN
:
Né le 19 juillet 1883.
Dans la nuit du 9 au 10 février 1963, s'est éteint
à Saint-Jean-de-Luz, où il vivait retiré,
l'un de nos plus valeureux pionniers de l'air, Louis Paulhan,
brevet n° 10. Il était âgé de 80 ans.
La rosette de commandeur de la Légion d'honneur témoignait
de toute une vie consacrée à l'aviation.
Son nom restera étroitement associé aux grands
exploits de la belle époque des aéros. C'est au
cours de son service militaire au parc aérostatique de
Chalais-Meudon, que le sergent Paulhan allait trouver, en la
compagnie du sapeur Louis Peyret (le père du futur Taupin
et des premiers planeurs de l'entre-deux guerres) sa vocation
aéronautique. Il participe à toutes les sorties
du dirigeabie « Ville de Paris » tout en trouvant
le temps de construire d'ingénieuses maquettes d'avions.
Cette dernière dilection lui vaudra de remporter le premier
prix d'un concours qui va se matérialiser sous la forme
d'un appareil en grandeur offert par les frères Voisin.
Et c'est la première envolée réussie en
juin 1909, à Bar-sur-Aube, suivie peu après par
une heureuse participation aux tous premiers meetings aériens,
dont la Grande semaine de la Champagne, à Reims-Betheny,
ne fut pas le moindre, par son retentissement mondial.
En 1910, Paulhan s'embarque pour les Etats-Unis, où il
va se distinguer avec éclat au meeting de Los Angeles.
C'est là qu'il fait la connaissance de William E. Boeing,
le futur grand constructeur, qui, enthousiasmé par les
évolutions du Farman de Paulhan, va se vouer à
l'aviation jusqu'à son dernier jour. De retour en France,
il s'engage aussitôt pour la grande course Londres-Manchester,
organisée par le Daily-Mail, et, après une lutte
épique avec son concurrent britannique, Claude Graham-White,
arrive au but en vainqueur.
Avec l'année 1911, Paulhan aborde un nouveau domaine,
celui de la construction aéronautique. S'inspirant des
brevets du pionnier de l'hydraviation, Henry Fabre, il produit
et expérimente d'excellents biplans qu'il dénomme
« machines à voler » dont plusieurs sont vendus
à l'Angleterre au titre d'une commande militaire.
Au cours de la première guerre, affecté avec le
grade de commandant à la campagne de Serbie, il remporte
deux victoires aériennes en équipe avec son mitrailleur
Lestradet, puis on le retrouve sur les fronts de Champagne et
de Verdun.
La paix rétablie, Paulhan, avec l'aide de l'ingénieur
Pillard, se lance, pour notre aéronavale, dans la production
d'hydravions métalliques multimoteurs, puis, toujours
avec son associé, il fabriquera, en sous-traitance, des
chasseurs Dewoitine, au début du second conflit mondial.
Louis Paulhan avait un fils unique qui trouva la mort le 10 mai
1937, au cours de la présentation d'un avion de chasse.
Le 22 octobre 1962, les Anglais, qui gardent le fidèle
souvenir du triomphateur de 1910, avaient invité Louis
Paulhan à se rendre à Manchester, pour l'inauguration
de la nouvelle aérogare. Ce fut là, son ultime
voyage aérien, qu'il fit à bord d'une de nos Caravelle.
Henry Beaubois. |
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